Une idée du lieu où se déroule l'action : le Roi Lion fut une source d'inspiration

Une idée du lieu où se déroule l'action : le Roi Lion fut une source d'inspiration

Chapitre 7 : Maître Chien, commis d'office de service

Chien pensera qu’il était encore temps pour lui de se désister, de renoncer à cette folie. Malgré le fait que sa décision fût déjà prise depuis belle lurette, et comme une prise de tête, quelques questions tourneront en rond dans sa tête : était-ce bien à lui de s’attirer les foudres de Lion et des autres bêtes ? Pourquoi défendre celui qu’il avait eu mille fois envie de pourfendre ? Pour l’heure, son rôle de leader aura l’air incontesté au sein des siens, ce qui constituera bel et bien une nouveauté. Il les sentira aller dans son sens mais n’osant pas sortir du silence et de l’anonymat que leur procurera l’assistance. Par peur d’aller au charbon, ils s’en remettront à lui, à fond.

Finalement n’était-ce pas son destin que de sortir de l’ombre pour contrer les sombres desseins de Lion ? N’était-il pas arrivé enfin, le jour pour lui de se lever et de se révéler aux yeux des autres comme des uns ? Somme toute, n’était-il pas le meilleur ami d’Homme entre tous et toutes ? En tout les cas, c’est comme ça qu’il le verra. Et il ne sera pas peu fier qu’on le considérât parfois comme son frère. Il avait toujours apprécié cette proximité qui, il fallait le reconnaître, était à mettre sur le compte de la soumission du traître à son maître.
Mais la raison numéro une, celle qui expliquera qu’il montât ainsi à la tribune et qu’il prit tant de risques, sera beaucoup moins altruiste. Il comptera bien défendre crocs et griffes ses privilèges, dont celui d’être entretenu mieux qu’une asperge. L’argument décisif, ce qui l’aura rendu si vif à aller de l’avant, c’était qu’il était bien content de ne pas avoir à chercher son repas tôt le matin, il lui était amené sur un plateau par les humains. Et puis il en avait plus qu’assez des débines, il ne se verra pas réapprendre à chasser sans son frère chasseur et sa sœur carabine. Les traîtres étaient peut-être asservis, mais ils étaient bien servis, eux.
Ce sera aussi une question de cohérence : lui et les siens avaient déjà trahi les uns ; en bon apôtre, il se voyait mal trahir l’autre, sous peine d’errance. Et tant pis si Homme était aussi celui qui lui avait ôté la capacité de transmettre la vie et de faire des petits : ce beau cabot sera un fidèle castrat.
Il se décidera à s’engager sur cette route à sens unique, conscient que tout demi-tour serait dorénavant utopique :

- Je défendrais Homme en son nom, nom de nom !

Rebelle Lion peinera à retenir un sourire qui en dira long sur ce rôle d’improvisation, puis ricanera sur un drôle de ton :

- Pas de quoi te mettre ainsi aux abois, joli minois. Et bien soit ! Ma fille, tu m’épates, te voilà dans la famille des avocates ! Enfile ta robe et file vers l’opprobre, si telle est ta volonté. Nous entendrons donc la défense, mais quand j’y pense, ce pauvre Homme s’est vu attribuer un novice comme commis d’office… Puisque sur les charges retenues contre ce vaurien d’humain, on a déjà fait le point, nous t’écoutons, Chien, afin de voir si ton anti-prose vaut quelque chose. Ton p’tit discours tu vas pouvoir énoncer, avant que nous ayons tous à nous prononcer.

Dans la position de l’avocat qui dois prendre la défense, dans un procès sans suspense, d’un accusé sans innocence présumée, Maître Chien choisira la tactique qu’il convient d’adopter dans ces cas-là : relativiser, mettre l’accent sur les circonstances atténuantes et faire glisser le débat sur une autre pente.

- Pour commencer, je tiens à souligner à priori que je connais Homme mieux que quiconque ici, étant son plus proche ami. Mais je ne suis pas là pour défendre un allié ou vous rallier à ma cause, seulement pour vous démontrer, en toute connaissance de cause, que son vrai portrait n’est pas celui que l’on vous propose. Car la société humaine n’est pas égale devant la critique dans sa responsabilité de l’état critique de la planète : Homme d’aujourd’hui est plus nocif à Terre que celui d’hier, l’occidental lui fait plus de mal au coccyx que tous les autres mâles, les blancs-becs sont plus pesants que les mecs marrons, un prolétaire de la ville et un gars de la terre se montrent vils envers Gaïa et Terre chacun à leur manière… Tout ça pour dire que les responsabilités ne sont pas partagées également entre les humains, loin de là. Et il n’y a rien de pire que d’obéir aveuglément aux injonctions partiales d’un Lion partiellement au courant et de punir un ensemble unilatéralement, sous l’emprise de l’emballement pour cette bizarre entreprise, qui consiste à faire juger une espèce vivante bien qu’absente par des jurés pleins de préjugés. Et puis j’ai l’impression que Lion est très pressé d’oublier le principe de précaution mais que donne-t-il comme caution sur ses intentions ?

Devant cette nouvelle pique, Lion restera stoïque, sans réplique, laissant Chien poursuivre ses critiques :

- Une question me taraude, Lion : pourquoi mènes-tu ce procès bucolique sinon à des fins politiques ? Comment peut-on faire juger un régent par son prétendant ? Tu veux entraîner le règne animal à faire chuter Homme de son piédestal et c’est presque si déjà tu t’y installes. Mais qu’est ce qui nous laisse penser que l’empereur en place laissera la place à un meilleur successeur ? A quoi bon échanger un empereur myope contre un roi aveugle comme Taupe ? Gare au gourou… et à son courroux ! ajoutera-t-il en pensant à ce qu’il venait de dire, s’attendant au pire, à se faire aplatir.

- Objection ! Si je suis venu avec ma compagne en ce lieu perdu, ce n’est ni pour faire campagne ni pour être élu. Je ne suis ici que le guide opportun et si je préside, c’est parce qu’il en faut un et que moi seul ai assez de bide. J’ai été chargé de cette mission par Gaïa afin que cette réunion se passe bien, Chien. M’est aussi d’avis que la question de la succession ne se pose pas, puisque ce sera moi le roi et moi l’état, du fait du peu de choix et puisque, de surcroît, j’ai Gaïa avec moi ! Aveugle, moi, ça va pas bien ? Tu oublies que je suis un félin ! D’ailleurs, « on ne voit bien qu’avec le cœur », c’est cité un ex-saint humain et en effet, la cécité de Taupe l’a-t-elle empêchée d’être au top, de se déplacer et d’assister à ce procès ? Mon cœur de Lion choisira la meilleure direction et Gaïa guidera mes pas.

Sa science de la politique et son flair l’auront adroitement sorti d’affaire : ses sujets aimaient qu’on n’oublie pas Gaïa. Par la même occasion, il aura coupé court à toute polémique sur la présidence de la future république, et cela d’une imparable logique.
Chien lui-même se sentira nu devant tant d’évidence convenue et, maladroitement, le sujet à poil tentera de changer de sujet :

- Attention ! Qu’il n’y ait pas méprise : je ne rejoins pas Lion sur une partie de son analyse de la situation. Sur le fond, Lion a vaguement raison. Mais je ne pense pas qu’il faille répondre au terrorisme d’Homme par d’autres formes d’extrémisme, à moins de lui pondre un grand « shalom » ! Devant une telle décision que la condamnation de l’un des nôtres, nous nous devons de prendre du recul dans ce procès de mon c…

A ces mots, et d’une voix étranglée, Lion étouffera un juron et coupera le traître, comme lui seul pouvait se le permettre :

- Un des nôtres ? Depuis quand inclues-tu Homme dans notre tribu ? N’est-ce pas lui même qui nie tout lien de parenté avec nous ou qui concède à grande peine une vague relation passée, tout en distinguant bien la vie animale de l’humaine ? N’est-ce pas lui qui prétexte sa capacité à penser ou même à rire pour expliquer que lui, humain, et nous, animaux, ne sommes pas à mettre au même niveau ? Non mais quelle arrogance, quelle ignorance ! Ce sans-gêne sait-il seulement qu’il a quatre-vingt dix-sept pour cents de gènes en commun avec Chimpanzé son cousin ? Qui peut dire que tel don est bon et que tel autre est bon pour les cons ? Nos caractéristiques diffèrent, comme nos savoir-faire, nos spécialités, mais il n’y a pas de sous-métier. Ce sagouin ne vaut pas moins que Babouin en matières de soins, ce minus ne vaut pas plus que Puce dans l’astuce au saut. « Homme est grand parce qu’il sait qu’il meurt » qu’il dit. Pff ! Homme est à mourir de rire parce qu’il sait qu’il fait mourir et qu’il ne fait qu’en rire. Nous, au moins, avons le respect de la vie comme de la mort et nous ne sommes pas en tort. Pourquoi, dans cette situation d’urgence, devrions-nous faire preuve d’indulgence envers lui, lui faire confiance et inclure la fille et le garçon dans une famille qu’ils renient de toute façon ?

Chien poursuivra sa leçon de séduction. Il aura jusqu’ici parlé d’une voix assurée et langoureuse, parfois même mielleuse, cela étant évidemment une arme judicieuse pour qui défend un client. Et les paroles de Chien sembleront depuis sa première intervention emplies d’une touche de philosophie, ce qui aurait paru particulièrement saugrenu à Homme s’il l’avait vu et entendu. S’il l’avait lu, il ne l’aurait pas cru. Un sage, ancêtre de Lion, avait d’ailleurs pour adage que « si un traître est idiot et ne comprend pas un traître mot de ce qui se dit, c’est qu’il naît sans connaître la liberté, n’est qu’à travers son maître, ne vit que dans le paraître et voit peu à peu ses facultés naturelles disparaître » et pour théorie que l’intellect très select chez les traîtres était dû au fait que les cerveaux dans leurs têtes avaient été très tôt bridés par le mécano mégalo. Car c’était une grande manie humaine que de manigancer, de manipuler les esprits à tout prix comme un grand manitou manie tout, les manies itou, et tout et tout…
La réponse du canidé sera accompagnée d’un habile froncement de sourcils, faisant se plisser les rides et les renflements de sa face en une grimace sympathique, une mimique involontairement comique :

- Pourquoi devrions-nous faire preuve d’indulgence ? Mais sire, simplement parce que, comme tu viens de le souligner, Homme n’est pas fondamentalement différent de nous, de vous tous, messires. Il se trompe de façon certaine en distinguant vie animale et vie humaine, mais le fait que nous ne soyons pas si étrangers est une invitation à le traiter avec le respect dû à son rang de citoyen terrien. Ce n’est pas parce qu’il en manque que nous devons, nous aussi, nous conduire comme des branques à la manque. Car dans ce cas, nous ne nous montrerions pas dignes de nous prononcer, majesté.

Chien pensera qu’il était encore temps pour lui de se désister, de renoncer à cette folie. Malgré le fait que sa décision fût déjà prise depuis belle lurette, et comme une prise de tête, quelques questions tourneront en rond dans sa tête : était-ce bien à lui de s’attirer les foudres de Lion et des autres bêtes ? Pourquoi défendre celui qu’il avait eu mille fois envie de pourfendre ? Pour l’heure, son rôle de leader aura l’air incontesté au sein des siens, ce qui constituera bel et bien une nouveauté. Il les sentira aller dans son sens mais n’osant pas sortir du silence et de l’anonymat que leur procurera l’assistance. Par peur d’aller au charbon, ils s’en remettront à lui, à fond.

Finalement n’était-ce pas son destin que de sortir de l’ombre pour contrer les sombres desseins de Lion ? N’était-il pas arrivé enfin, le jour pour lui de se lever et de se révéler aux yeux des autres comme des uns ? Somme toute, n’était-il pas le meilleur ami d’Homme entre tous et toutes ? En tout les cas, c’est comme ça qu’il le verra. Et il ne sera pas peu fier qu’on le considérât parfois comme son frère. Il avait toujours apprécié cette proximité qui, il fallait le reconnaître, était à mettre sur le compte de la soumission du traître à son maître.
Mais la raison numéro une, celle qui expliquera qu’il montât ainsi à la tribune et qu’il prit tant de risques, sera beaucoup moins altruiste. Il comptera bien défendre crocs et griffes ses privilèges, dont celui d’être entretenu mieux qu’une asperge. L’argument décisif, ce qui l’aura rendu si vif à aller de l’avant, c’était qu’il était bien content de ne pas avoir à chercher son repas tôt le matin, il lui était amené sur un plateau par les humains. Et puis il en avait plus qu’assez des débines, il ne se verra pas réapprendre à chasser sans son frère chasseur et sa sœur carabine. Les traîtres étaient peut-être asservis, mais ils étaient bien servis, eux.
Ce sera aussi une question de cohérence : lui et les siens avaient déjà trahi les uns ; en bon apôtre, il se voyait mal trahir l’autre, sous peine d’errance. Et tant pis si Homme était aussi celui qui lui avait ôté la capacité de transmettre la vie et de faire des petits : ce beau cabot sera un fidèle castrat.
Il se décidera à s’engager sur cette route à sens unique, conscient que tout demi-tour serait dorénavant utopique :

- Je défendrais Homme en son nom, nom de nom !

Rebelle Lion peinera à retenir un sourire qui en dira long sur ce rôle d’improvisation, puis ricanera sur un drôle de ton :

- Pas de quoi te mettre ainsi aux abois, joli minois. Et bien soit ! Ma fille, tu m’épates, te voilà dans la famille des avocates ! Enfile ta robe et file vers l’opprobre, si telle est ta volonté. Nous entendrons donc la défense, mais quand j’y pense, ce pauvre Homme s’est vu attribuer un novice comme commis d’office… Puisque sur les charges retenues contre ce vaurien d’humain, on a déjà fait le point, nous t’écoutons, Chien, afin de voir si ton anti-prose vaut quelque chose. Ton p’tit discours tu vas pouvoir énoncer, avant que nous ayons tous à nous prononcer.

Dans la position de l’avocat qui dois prendre la défense, dans un procès sans suspense, d’un accusé sans innocence présumée, Maître Chien choisira la tactique qu’il convient d’adopter dans ces cas-là : relativiser, mettre l’accent sur les circonstances atténuantes et faire glisser le débat sur une autre pente.

- Pour commencer, je tiens à souligner à priori que je connais Homme mieux que quiconque ici, étant son plus proche ami. Mais je ne suis pas là pour défendre un allié ou vous rallier à ma cause, seulement pour vous démontrer, en toute connaissance de cause, que son vrai portrait n’est pas celui que l’on vous propose. Car la société humaine n’est pas égale devant la critique dans sa responsabilité de l’état critique de la planète : Homme d’aujourd’hui est plus nocif à Terre que celui d’hier, l’occidental lui fait plus de mal au coccyx que tous les autres mâles, les blancs-becs sont plus pesants que les mecs marrons, un prolétaire de la ville et un gars de la terre se montrent vils envers Gaïa et Terre chacun à leur manière… Tout ça pour dire que les responsabilités ne sont pas partagées également entre les humains, loin de là. Et il n’y a rien de pire que d’obéir aveuglément aux injonctions partiales d’un Lion partiellement au courant et de punir un ensemble unilatéralement, sous l’emprise de l’emballement pour cette bizarre entreprise, qui consiste à faire juger une espèce vivante bien qu’absente par des jurés pleins de préjugés. Et puis j’ai l’impression que Lion est très pressé d’oublier le principe de précaution mais que donne-t-il comme caution sur ses intentions ?

Devant cette nouvelle pique, Lion restera stoïque, sans réplique, laissant Chien poursuivre ses critiques :

- Une question me taraude, Lion : pourquoi mènes-tu ce procès bucolique sinon à des fins politiques ? Comment peut-on faire juger un régent par son prétendant ? Tu veux entraîner le règne animal à faire chuter Homme de son piédestal et c’est presque si déjà tu t’y installes. Mais qu’est ce qui nous laisse penser que l’empereur en place laissera la place à un meilleur successeur ? A quoi bon échanger un empereur myope contre un roi aveugle comme Taupe ? Gare au gourou… et à son courroux ! ajoutera-t-il en pensant à ce qu’il venait de dire, s’attendant au pire, à se faire aplatir.

- Objection ! Si je suis venu avec ma compagne en ce lieu perdu, ce n’est ni pour faire campagne ni pour être élu. Je ne suis ici que le guide opportun et si je préside, c’est parce qu’il en faut un et que moi seul ai assez de bide. J’ai été chargé de cette mission par Gaïa afin que cette réunion se passe bien, Chien. M’est aussi d’avis que la question de la succession ne se pose pas, puisque ce sera moi le roi et moi l’état, du fait du peu de choix et puisque, de surcroît, j’ai Gaïa avec moi ! Aveugle, moi, ça va pas bien ? Tu oublies que je suis un félin ! D’ailleurs, « on ne voit bien qu’avec le cœur », c’est cité un ex-saint humain et en effet, la cécité de Taupe l’a-t-elle empêchée d’être au top, de se déplacer et d’assister à ce procès ? Mon cœur de Lion choisira la meilleure direction et Gaïa guidera mes pas.

Sa science de la politique et son flair l’auront adroitement sorti d’affaire : ses sujets aimaient qu’on n’oublie pas Gaïa. Par la même occasion, il aura coupé court à toute polémique sur la présidence de la future république, et cela d’une imparable logique.
Chien lui-même se sentira nu devant tant d’évidence convenue et, maladroitement, le sujet à poil tentera de changer de sujet :

- Attention ! Qu’il n’y ait pas méprise : je ne rejoins pas Lion sur une partie de son analyse de la situation. Sur le fond, Lion a vaguement raison. Mais je ne pense pas qu’il faille répondre au terrorisme d’Homme par d’autres formes d’extrémisme, à moins de lui pondre un grand « shalom » ! Devant une telle décision que la condamnation de l’un des nôtres, nous nous devons de prendre du recul dans ce procès de mon c…

A ces mots, et d’une voix étranglée, Lion étouffera un juron et coupera le traître, comme lui seul pouvait se le permettre :

- Un des nôtres ? Depuis quand inclues-tu Homme dans notre tribu ? N’est-ce pas lui même qui nie tout lien de parenté avec nous ou qui concède à grande peine une vague relation passée, tout en distinguant bien la vie animale de l’humaine ? N’est-ce pas lui qui prétexte sa capacité à penser ou même à rire pour expliquer que lui, humain, et nous, animaux, ne sommes pas à mettre au même niveau ? Non mais quelle arrogance, quelle ignorance ! Ce sans-gêne sait-il seulement qu’il a quatre-vingt dix-sept pour cents de gènes en commun avec Chimpanzé son cousin ? Qui peut dire que tel don est bon et que tel autre est bon pour les cons ? Nos caractéristiques diffèrent, comme nos savoir-faire, nos spécialités, mais il n’y a pas de sous-métier. Ce sagouin ne vaut pas moins que Babouin en matières de soins, ce minus ne vaut pas plus que Puce dans l’astuce au saut. « Homme est grand parce qu’il sait qu’il meurt » qu’il dit. Pff ! Homme est à mourir de rire parce qu’il sait qu’il fait mourir et qu’il ne fait qu’en rire. Nous, au moins, avons le respect de la vie comme de la mort et nous ne sommes pas en tort. Pourquoi, dans cette situation d’urgence, devrions-nous faire preuve d’indulgence envers lui, lui faire confiance et inclure la fille et le garçon dans une famille qu’ils renient de toute façon ?

Chien poursuivra sa leçon de séduction. Il aura jusqu’ici parlé d’une voix assurée et langoureuse, parfois même mielleuse, cela étant évidemment une arme judicieuse pour qui défend un client. Et les paroles de Chien sembleront depuis sa première intervention emplies d’une touche de philosophie, ce qui aurait paru particulièrement saugrenu à Homme s’il l’avait vu et entendu. S’il l’avait lu, il ne l’aurait pas cru. Un sage, ancêtre de Lion, avait d’ailleurs pour adage que « si un traître est idiot et ne comprend pas un traître mot de ce qui se dit, c’est qu’il naît sans connaître la liberté, n’est qu’à travers son maître, ne vit que dans le paraître et voit peu à peu ses facultés naturelles disparaître » et pour théorie que l’intellect très select chez les traîtres était dû au fait que les cerveaux dans leurs têtes avaient été très tôt bridés par le mécano mégalo. Car c’était une grande manie humaine que de manigancer, de manipuler les esprits à tout prix comme un grand manitou manie tout, les manies itou, et tout et tout…
La réponse du canidé sera accompagnée d’un habile froncement de sourcils, faisant se plisser les rides et les renflements de sa face en une grimace sympathique, une mimique involontairement comique :

- Pourquoi devrions-nous faire preuve d’indulgence ? Mais sire, simplement parce que, comme tu viens de le souligner, Homme n’est pas fondamentalement différent de nous, de vous tous, messires. Il se trompe de façon certaine en distinguant vie animale et vie humaine, mais le fait que nous ne soyons pas si étrangers est une invitation à le traiter avec le respect dû à son rang de citoyen terrien. Ce n’est pas parce qu’il en manque que nous devons, nous aussi, nous conduire comme des branques à la manque. Car dans ce cas, nous ne nous montrerions pas dignes de nous prononcer, majesté.

Aucun commentaire: