Une idée du lieu où se déroule l'action : le Roi Lion fut une source d'inspiration

Une idée du lieu où se déroule l'action : le Roi Lion fut une source d'inspiration

Chapitre 2 : Rencontre au sommet


Le décor est planté. C’est donc ce paysage panoramique, à la fois chaotique et grandiose, qui sera la scène de cette pièce de théâtre, qui aura une très nette importance pour notre planète et qui verra l’apothéose d’un roi ainsi que celle de Gaïa.

En ce jour extraordinaire et fantastique, ce lieu n’aura plus rien d’ordinairement fantomatique, puisque s’y trouvera réunie une assemblée aussi éclectique qu’elle sera diplomatique. En effet, toutes les espèces animales peuplant Terre, de Fourmi Rouge, lilliputienne terrienne, à Baleine Bleue, Gulliver des mers, en passant par Cacatoès Blanc à Huppe Jaune, punk des airs, s’y seront donné un rendez-vous complètement fou. Elles auront chacune envoyé deux représentants, mâle et femelle s‘entend, sans enfant évidemment. Certaines espèces hermaphrodites feront cependant exception en ce mois d’août et se seront décidées à faire leur coming-out en se rendant à cette cérémonie inédite et sensationnelle en paire résolument bisexuelle. Chaque acteur aura une place réservée spécifique à ses particularités : la plaine d’herbe séchée sera la chaise de paille des terriens multipèdes, cul-de jatte et de leurs ouailles, le ciel un siège et une table confortables pour ceux qui auront des ailes et l’eau aigre-douce et doucement salée de la rivière le fauteuil des marins d’eau douce et d’eau de mer.
Un air de jamais vu ? Perdu ! Jadis, dans des circonstances dont la ressemblance laisserait presque penser à un remake, deux individus de chacune des espèces avaient aussi étés réunis par un mec, Noé, puis, pour échapper au Déluge, avaient trouvé refuge dans une arche juste avant que les nuages ne se fâchent.

Mus par un appel au pèlerinage, ils arriveront donc petit à petit, en nage. Brebis, pas, aura trouvé le moyen de se perdre en chemin, mais par chance, elle avait fini en compagnie de la paire Bison, tous deux très affûtés et qui n’avait pas perdu leur sens de l’orientation. Pour tous, la sainte route vers cette tente imaginaire aura été longue et éreintante mais également l’occasion de rencontres aussi insolites que bruyantes. Aussi, nombre auront été étonnés, qui de faire un bout de chemin avec couple Okapi, qui de partager son vol avec Papillon ou qui encore de suivre Hippocampe dans son sillon. D’autant qu’ils auront été pénétrés à l’insu de leur plein gré par une force inverse à celle de Babel, apportant avec elle à chacun une voix nouvelle, intelligible de son voisin, et à tous l’atout du langage commun. Tous seront donc sous le choc des questions qui dans leurs têtes s’entrechoqueront. Pourquoi donc cette mutuelle compréhension, qui ouvrait pour de bon la porte à de belles discussions ? Qu’était-ce que ce prodige ? On n’avait pas vu ça depuis des piges ! Et puis, comment expliquer cette convergence générale du monde animal, nullement concertée de la part des concernés, vers ce lieu unicolore dont ils ignoraient tout il y a peu encore ? La foule, intriguée, sera parcourue d’un murmure aux multiples sonorités… Mais pas de caquètements, ni d’hululements, aucun roucoulement, pas plus de piaillements, et pour cause : inexplicablement, le chant des oiseaux sera aux abonnés absents et, pour s’exprimer, ils n’auront que les mots de cet espéranto.

Sur le rocher se tiendra, droit comme un i et plus fier qu’Artaban et tous ses compagnons réunis, le roi des animaux : Lion. A ses côtés et veillant sur lui, reine Lionne contemplera, pleine d’admiration, sa crinière par le vent auréolée et que tout un chacun lui aura de tout temps envié. Celle-là même qui, dans le miroir, était le signe ostentatoire de son statut notoire : un monarque aux remarques réputées incantatoires.
Lion semblera absorbé par l’observation de cet orchestre, de cet échantillon hâtif, mais à première vue exhaustif, de la faune terrestre. Dans son rôle de héros de ce conte et de grand commissaire, il effectuera des comptes d’apothicaire. Arrêtant successivement son regard sur les présents, il tentera de faire un rapide bilan des traînards et des absents. Devant l’ampleur de la tâche à laquelle il fallait qu’il s’attèle, il considérera plus approprié de procéder à un appel.
D’une voix la plus forte et la plus distincte possible, mais qui ne sera pas encore très audible, il commencera par ordre alphabétique son énumération zoologique :

- Abeilles ?
- Prézzzentes ! zézaieront les deux hyménoptères.
- Ablettes ?
- Présentes ! articulera le couple de poissons.
- Actinies ?
- Présentes ! balbutieront en cœur les anémones de mer.
- Addax ?
- Présents ! répondra le duo d’antilopes.

C’est connu, quelque soit l’âge, un appel est synonyme de remue-ménage, mais là, c’est carrément dans un cirque pas possible que Lion devra procéder à cette terrible mais si classique obligation. Et quel cirque dans ce décor de fou qui, de par ses caractéristiques géologiques, constituait déjà un chapiteau idyllique ! Il suffit d’imaginer des millions d’êtres vivants, de toutes tailles et de toutes formes, rassemblés en dominos et dominés par Lion et Lionne, une inimaginable ménagerie à faire pâlir un Bouglione et saliver un directeur de zoo, répondant par paire à l’appel de leur nom par un « Présents ! » aux sonorités variables selon les animaux. Un véritable carnaval à en juger par le masque de Mandrill, qui sera l’attraction principale, celle qui déliera les langues autrefois stériles, celle qui rendra volubile.
Cela sera d’ailleurs l’occasion pour toute l’assemblée de se distraire et de se détendre après une route qui n’aura pas été des plus courtes ni des plus tendres. Il est vrai que les voix de certains seront particulièrement désopilantes et les boute-en-train ne manqueront pas d’entrain, c’est certain. A commencer par Poisson-Clown, qui vivait bien à l’abri dans les tentacules urticantes d’Anémone, avait fait route avec elle et qui ne pourra contenir un éclat de rire en entendant son hôte onduleuse répondre à l’appel de son nom dans une mélopée bulleuse. Par sa ronde attitrée, il entamera un numéro de pitre dans l’espoir d’attirer les regards sur ses couleurs flamboyantes, ce en quoi il réchauffera les rires et ouvrira la voie à tous les éclats de voix.
Prenant son mal en patience, Lion ne se trouvera point déconcerté par ce tumulte environnant et continuera une lecture qui sera pour lui d’un lassant… L’acoustique des lieux sera telle que, sans porte-voix, sa voix portera jusqu’à tous, et c’est tant mieux.

Alors que son calvaire touchera à sa fin, vers la lettre vingt, des acclamations viendront soudain interrompre Lion, atterré : c’était les derniers retardataires. Fidèle à ses habitudes, couple Tortue arrivera seulement, après une longue transhumance, accueilli sous les vivats pour sa meilleure performance de l’année : un temps, soit peu de retard pour ces traînards invétérés ! Certains les traiteront d’immatures, mais cela leur vaudra malgré tout l’admiration générale pour avoir ainsi su forcer leur nature.

L’appel fini, force sera de constater que seule une paire d’êtres résidents de Terre était absente, un couple qui n’aura ni battu sa coulpe ni même prévenu de sa non-venue. Et cette absence remarquée fera rapidement railler les mauvaises langues et pleuvoir, malheureusement pour ceux qui auraient aimé boire, uniquement les quolibets.
Coupant court à ces bêtises de bêtes, Lion s’adressera d’une voix forte et bourrue à tous ces individus, qui, en l’entendant, se seront tus instantanément :

- Sœurs et frères, venus des quatre coins de Terre, vous avez, comme moi, répondu à l’appel de votre instinct, qui vous a soudain mis en chemin. Comme moi, comme eux, vous ignorez pourquoi tous les oiseaux se sont brusquement arrêtés de chanter, mais en tout cas, c’est ce qui nous a poussé là. Cet événement sans précédent, qui a déclenché ce gigantesque mouvement, est aussi important que désolant ! Car ne plus entendre ces vertébrés volants se laisser aller à leur penchant préféré, ce chant qu’ils affectionnent tant et qui rythme nos journées, fut pour nous tous déroutant. Vous aussi avez résolument suivi vos pas jusqu’ici, répondant à une force fort résolue autant qu’inconnue. Et puis, vous avez tout comme moi découvert aujourd’hui que vous parliez cette langue arrivée incognito, sans avoir eu besoin de l’apprendre, cet espéranto qui nous permet de nous parler et de nous comprendre. A quoi bon une explication ? Tout ça restera sûrement pour nous tous et à jamais un paradigme sans nom et une énigme sans solution. Par contre vous devez avoir deviné ce qui nous a amené en ce lieu damné. Au vu du caractère vraiment exceptionnel de ce panel, vous vous douter qu’il s’agit de débattre ici d’un sujet essentiel. Je ne vous apprendrai rien en vous disant qu’il en va de l’avenir de notre lieu de vie et du danger que représente Homme pour celui-ci. Il n’est pas ici présent, c’est donc qu’il a refusé d’entendre cet appel lancé à tous les habitants de notre chère Terre : il ne sera donc pas là pour défendre ses pairs, celui qui aurait de toute manière été persona non grata. Tant pis pour lui, car c’est aujourd’hui le jour de son premier procès, de son vrai procès !

3 commentaires:

Anonyme a dit…

BON DEPART

Anonyme a dit…
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Anonyme a dit…
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